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Exposition Mémoire d'images : le début d'une belle aventure humaine


Infos pratiques

Ouverture de l'exposition « Mémoire d'images » samedi 24 octobre, de 18 h à 20 h.

L'exposition sera ensuite ouverte tous les après-midis, jusqu'au 7 novembre.




Des photos et des anecdotes recueillies auprès de voisins et d'anciens étudiants, professeurs ou parents d'élèves... Fruit d'un travail mené au cours de rencontres organisées l'année dernière, l'exposition Mémoire d'images a pour objectif de mettre en valeur les histoires singulières des anciens occupants et riverains du lycée pour partager le souvenir du site et l'ouvrir sur un nouvel horizon : celui des ateliers Jean-Moulin, installés sur place depuis juin 2019. L'événement sera lancé ce samedi 24 octobre, à partir de 18h. Mais ce n'est qu'un début...


Photos © La Nouvelle Imagerie



Tout a commencé au premier tour de clé. « De notre expérience précédente, aux Grands Voisins, nous avons retenu que tout va très vite dès qu'on investit des locaux », témoigne Françoise, coordinatrice des ateliers Jean Moulin. Dès les premiers pas à Plouhinec, en juin 2019, l'équipe a voulu capter les images des espaces et du bâtiment tels qu'ils avaient été reçus. Et conserver, avant tout, les traces humaines encore perceptibles, tels des lambeaux d'histoire de ce lieu.« Nous avons été surpris par le grand nombre d'objets laissés par les lycéens, qu'il s'agisse de leurs bleus de travail dans les vestiaires ou de leurs affaires dans les salles de classe »,


témoigne Hippolyte, étudiant au Beaux-arts à Quimper, spécialisé dans la photographie et la gravure. Après avoir rencontré la Nouvelle Imagerie aux Grands Voisins, à Paris, le jeune homme a décidé de s'intégrer pleinement au sein du collectif dès son installation dans le Cap Sizun.


En parcourant les lieux, l'étudiant a souhaité capturer le plus grande nombre d'images possible pour conserver un fonds d'archives, en vue d'une éventuelle exposition. « C'est aussi à ce moment-là que nous avons eu une discussion relative au site. Effet, sa fermeture et sa réouverture en vue d'une autre utilisation avaient posé pas mal de problèmes au niveau du voisinage », relate-t-il. « On s'est demandé comment créer un lien social fort, poursuit Françoise. Pour faire venir les gens, on a eu l'idée de faire un appel à la population à venir


prendre un café, en apportant avec eux une photo du lieu, quelque soit l'époque. »




« Nous sommes dépositaires de la mémoire du site »

Plusieurs rencontres se sont ainsi déroulées, les samedis après-midis, d'août à octobre 2019. À l'arrivée des premiers participants, l'équipe des ateliers a été très agréablement surprise. « Ils se sont regroupés spontanément autour des photos que chacun partageait, cherchant s'ils reconnaissaient quelqu'un ou quelque chose sur les images. De plus, ils étaient très à l'écoute des pans d'histoire qu'ils ne connaissaient pas forcément », se souvient la coordinatrice. Une histoire qui va bien au-delà de celle du lycée, ouvert dans les années 60 : elle remonte à l'ancien centre d'apprentissage et, encore plus loin, à la conserverie de pêche.



« Nous avons reçu des personnes de toutes les générations, remarque Hippolyte. Surtout des personnes âgées qui parlaient du site en tant que voisins, mais aussi d'anciens étudiants, enseignants et parents d'élèves ». Pour certains, la découverte du lieu a été totale : « Jeannine, une voisine, n'avait jamais mis les pieds dans le lycée, alors qu'il se trouve sous ses fenêtres depuis 40 ans », s'étonne Françoise.

D'autres personnes, qui avaient bien connu l'établissement, étaient curieuses de savoir ce qu'il devenait. « Nous avons reçu beaucoup d'encouragements de la part d'anciens, se réjouit la coordinatrice. L'un d'eux, André, nous a assuré qu'on s'inscrivait complètement dans l'histoire du lieu, qui était faite de renaissances. Il considère que nous écrivons une autre page du récit et que nous sommes dépositaires de la mémoire du site ».




Tunnel hanté et sortie d'aération

Ces rencontres ont rapporté un certain nombre d'anecdotes, souvent accompagnées de leur lot d'émotions. Thierry, ancien élève dans les années 70 et 80, s'est mis à pleurer en entrant dans les ateliers. Plus précisément, en voyant un tuyau dépassant d'un mur, à l'entrée. « Il nous a raconté qu'avec un professeur, ils avaient percé le mur au marteau-piqueur pour créer une sortie d'aération, alors qu'ils étouffaient dans cet atelier mécanique. Il ne pensait pas que, tant d'années plus tard, ce trou serait toujours à sa place, pour la même utilisation », relate Françoise. Les histoires ont fusé, jusqu'à une mystérieuse légende. « Celle-ci raconte que trois enfants s'étaient perdus à l'intérieur d'un petit tunnel, derrière le gymnase. Et que leurs voix hantent encore le lycée aujourd'hui... », raconte Hippolyte.



« On émet l'hypothèse que cette histoire ait un lien avec les réfugiés espagnols à la fin des années 30 , car c'est le seul moment où il y avait de petits enfants dans cet espace, explique Françoise. Nous allons exploiter cette histoire en tant que telle. Nous recherchons des éléments pour l'étayer ».

Un certain nombre de ces anecdotes ont été récoltées par l'équipe des ateliers, en audio et à l'écrit. Elles seront déclamées, au cours du vernissage, dans un endroit qui sera nommé « trou de mémoire » par une comédienne, surnommée Anne Ecdote, sur le modèle des crieurs qui partageaient les informations sur la place publique par le passé.




Du canoë aux salles de classe, en passant par les colonies de vacances

Toutes ces histoires s'enrichiront des nombreuses images récoltées. Photocopies, prises de vue numériques ou argentiques, en noir et blanc ou en couleur... Une quarantaine de photos ont été sélectionnées, sous tous types de formats.

Leur contenu se révèle tout aussi varié. « On a reçu beaucoup de photos de classes ou de lycéens dans les ateliers. D'autres où ils font du canoë ou du bateau en mer. Ainsi que des images des bâtiments et de ce qu'il se passe autour », détaille Hippolyte.



L'image la plus marquante, une petite photo argentique remontant au début des années 60, a été choisie pour l'affiche de l'exposition. « On ne voit pas tout le monde sur la photo, qui donne l'impression de s'effacer, explique Françoise. Elle est tellement précieuse que le monsieur qui nous l'a amenée la portait dans ses mains comme un petit berceau en nous disant solennellement 'Je vous la lègue, elle sera mieux ici qu'à la maison'. »

Une autre série de photographies, déposées cet été, se révèle exceptionnelle. Un couple, accompagné de ses enfants, est venu demander à l'équipe s'ils pouvaient faire le tour des bâtiments, pour leur retour sur « les lieux du crime ». À l'époque, ils étaient directeur et animatrice dans une colonie de vacances de La Poste, sur le site de Jean Moulin. C'est là qu'ils se sont rencontrés, avant de se marier... Cette belle histoire est venue accompagnée de photos dont l'équipe des ateliers n'a trouvé aucune trace ailleurs. « Dans une atmosphère de colo, on voit la cour sans le hangar, avec plein d'arbres et une ribambelle de mômes d'origines différentes, ce qui n'était pas forcément habituel sur le Cap en ce temps-là. Cette mixité culturelle, mariée à un paysage complètement différent de celui aujourd'hui, nous a particulièrement marqué », révèle Françoise.




Des scénettes pour recréer l'ambiance du lycée

À l'occasion du vernissage, les participants sont invités à venir avec de nouvelles images. « Nous leur proposerons également un certain nombre d'interactions à l'intérieur de l'expo », annonce la coordinatrice. Plusieurs mises en scène sont également prévues. D'anciens casiers d'élèves, détournés en dioramas, vont représenter seize scénettes, composées uniquement d'objets retrouvés sur le site. Des histoires de boulons, de copies doubles et de dessins pour recréer des ambiances du lycée, ou les détourner...



« L'objectif de Mémoire d'images est de marquer le contraste entre les ateliers pleins et vides, mais de montrer, dans le même temps, que même dans des locaux nus, il peut se passer plein de choses. Loin d'être à l'abandon, le site est en train de renaître », se réjouit Hippolyte.

Et cette exposition n'est absolument pas une fin en soi. « On s'est dit qu'il fallait aller au-delà, en commençant par faire un appel plus large aux documents, notamment iconographiques », explique Françoise.



Hippolyte abonde en ce sens : « Il ne faut pas que l'on s'arrête en si bon chemin. Je vois ce travail comme une esquisse, une amorce, pour montrer ce qu'il est possible de créer à partir des ateliers Jean Moulin ».


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Matthieu Stricot


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